Ralph Lauren collection (Part 1/2)
L’Art Automobile
La collection privée de Ralph Lauren est une véritable pépite que RoadBook tenait absolument à vous présenter. Voici dix-sept chefs-d’œuvre de sa collection, mis en scène dans un superbe décor : la grande nef du musée des Arts décoratifs, situé rue de Rivoli, à Paris.
Né le 14 octobre 1939 de parents immigrés juifs de Russie, Ralph Lauren est associé, depuis la fin des années soixante, au cavalier joueur de polo, l’emblème de sa marque Polo RL cotée en bourse depuis une quinzaine d’années. Au fil du temps, Ralph Lauren a créé beaucoup d’autres marques de vêtements pour hommes, femmes et enfants, mais s’est également lancé dans la parfumerie ou dans la décoration de la maison et, il y a deux ans à peine, dans l’horlogerie et la joaillerie. Marié et père de trois enfants, Ralph Lauren est à la tête d’une fortune estimée à environ 6,2 milliards de dollars (selon le classement Forbes 2018). En 2010, il a reçu la plus haute décoration honorifique française, l’ordre de la Légion d’honneur, récompense qui l’a peut-être poussé à accepter de prêter une partie de sa collection d’automobiles de collection au musée des Arts décoratifs de Paris pour cette exposition inédite «L’Art de l’Automobile»...
Une ancienne passion !
Cette passion pour la belle automobile est une facette moins connue de Ralph Lauren, en Europe en tout cas. Aux Etats-Unis en effet, il conduit régulièrement certains de ses bolides (dont une Bugatti Veyron et une Ferrari 250 GTO, entre autres !) et participe, depuis près de trente ans déjà, à de nombreux concours d’élégance, dont le célèbre et prestigieux concours de Pebble Beach (créé en 1950 !). Cette commune du comté de Monterey, en Californie, est également connue pour ses parcours de golf au bord de l’océan Pacifique. Ce concours se déroule traditionnellement vers la mi-août et réunit ce qui se fait de mieux dans l’automobile depuis sa création jusqu’à nos jours au travers de nombreux événements et de multiples prix, dont le « clou » est le fameux « Best of Show ». Ralph Lauren l’a remporté à deux reprises, en 1993 avec sa superbe Mercedes-Benz SSK « Comte Trossi » de 1930 et en 1990 avec une exceptionnelle Bugatti Type 57 S(C) Atlantic de 1938, deux voitures qui figurent dans la sélection exposée à Paris.
Si elle rassemble quelques chefs-d’œuvre, la collection d’automobiles d’exception de Ralph Lauren peut-elle être considérée comme l’une des plus remarquables de la planète ? En quantité ou en qualité, Ralph Lauren n’affiche nullement cette prétention comme il le déclare humblement dans son interview dont on peut lire quelques extraits un peu plus loin. Pas plus qu’il ne recherche une quelconque forme de publicité pour lui ou pour ses marques à travers cette exposition ! Sa notoriété internationale est par contre un argument supplémentaire pour les organisateurs qui veulent avant tout démontrer que l’automobile est un art majeur dessiné par les plus grands noms : Alfa Romeo, Bentley, Bugatti, Jaguar, Mercedes-Benz, Porsche et, bien sûr, Ferrari. Choisis par le Commissaire Rodolphe Rapetti, Conservateur Général du Patrimoine, et mises en scène par Jean-Michel Wilmotte, ces fleurons de l’histoire automobile européenne ont de la ligne et des couleurs, des matériaux et du dessin, mais aussi beauté mécanique résultant de la recherche d’efficacité et de précision. Chacun de ces dix-sept véhicules d’exception a été conçu comme un chef-d’œuvre où s’allient innovation technologique et audace du style. L’aspect cinétique et sonore des véhicules est restitué par de nombreux films et enregistrements.
L’interview de Ralph Lauren
Dans le catalogue officiel « L’Art de l’Automobile, chefs-d’œuvre de la collection Ralph Lauren », Rodolphe Rapetti a recueilli les propos de l’homme d’affaires américain. Avec son autorisation, nous avons le plaisir de vous proposer quelques extraits de cette longue interview.
Quelles étaient vos motivations pour collectionner de telles automobiles ?
Je ne me considère pas comme un collectionneur d’automobiles. Dans mon esprit, elles sont comme une part de moi-même. C’est un amusement, comme des jouets ; lorsque vous commencez à en essayer plusieurs et que vous pouvez vous les offrir, vous les regardez et vous rêvez de les acquérir. Chacune suscite une sensation différente. Peu importe que ce soit une Bugatti ou une Morgan 1961. Ma collection reflète cette diversité. Je n’ai jamais cherché à acheter des automobiles pour épater les gens ; je me vois plutôt les conduisant, vivant avec elles et les utilisant comme si elles faisaient partie de moi. Je ne les considère pas comme des objets merveilleux que je posséderais et que les autres viendraient admirer. Je les conduis et m’en sers pour me promener avec mes enfants. En fin de compte, je leur fais retrouver leur véritable nature. Pour moi, les automobiles sont de véritables œuvres d’art. Dans ma collection, certaines des plus anciennes ont réellement été faites à la main. Les finitions et le travail du métal étaient réalisés par des artisans. J’ai toujours aimé ces machines créées par des personnes qui mettent à profit leur passion pour la fabrication afin de donner naissance à de belles formes ou à des sons qui procurent du plaisir...
Vos voitures représentent-elles une source d’inspiration dans la création de vos objets ?
Ma vie quotidienne, mon travail, les choses que j’aime et les gens que je rencontre sont pour moi une source continue d’inspiration. Je suis constamment à la recherche d’idées pouvant développer ma vision créative. Les automobiles ont toujours été un élément enrichissant dans ce processus.
Quand je contemple une voiture, j’aime ses prises d’air très stylisées, une rangée de rivets en acier, un enjoliveur ou un bouchon de réservoir, un volant parfaitement travaillé, des garnitures d’un cuir onctueux, un tableau de bord en ronce de bois soigneusement poli ou la beauté d’une sangle en cuir sur la capote. Je m’empare de ces détails et les utilise pour créer aussi bien une montre qu’un fauteuil destiné à une femme en robe de soirée. Lorsque, l’an dernier, nous avons lancé la collection de montres Ralph Lauren, de nombreuses formes provenaient de dessins de nos archives. La plus novatrice est directement inspirée de ma Bugatti Atlantic. Je l’ai appelée The Dash parce que son cadran est une reprise du tableau de bord en ronce. Elle s’inscrit dans l’esprit des lignes pures de la voiture...
- Pourriez-vous évoquer les principes généraux appliqués à la restauration de vos voitures ?
- La chose la plus importante dans le domaine de la restauration est de faire appel à ceux qui sont vraiment compétents, les experts. Il y a des experts différents pour Ferrari et Mercedes, pour les Mercedes « Papillon » et pour les Bugatti. Il faut rechercher l’authenticité. Toutes mes voitures ont été restaurées, parce que j’ai toujours voulu éviter de tomber en panne sur la route. La restauration, pour moi, est surtout une question de qualité et de respect des détails d’origine. Je n’étais pas « restaurateur » jusqu’à ce que j’aie la chance de rencontrer Paul Russel, un historien de l’automobile et restaurateur de Boston, qui a ensuite travaillé avec moi pendant une vingtaine d’années. La restauration est un travail délicat. À mes yeux, il ne peut y avoir aucune tricherie dans l’opération...
Aimeriez-vous créer une voiture ?
Dessiner une automobile et dessiner une collection de mode requièrent un certain métier et une vision, ce sont deux choses totalement différentes. Je sais ce que j’aime dans une voiture, mais je ne me considérerai jamais comme un designer automobile. Choisir la couleur d’une voiture n’est pas la dessiner. J’ai un immense respect pour ceux qui le font. Ils mènent leur carrière comme je mène la mienne. Quand j’étais jeune, je pouvais regarder une Bentley ou une Mercedes et dire : « Oh, cette voiture est si belle ! Regarde les cuirs intérieurs, le tableau de bord en ronce. » Puis passait une Porsche tout à fait austère et minimaliste. Si vous m’aviez demandé laquelle était la plus belle, j’aurais eu des arguments en faveur de chacune. Je ne pense pas que j’aurais jamais pu concevoir la Porsche ou la Bentley. Mais j’aurais pu imaginer comment faire d’elles la plus belle Porsche ou la plus belle Bentley...
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